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CENTRE CULTUREL BOUDDHISTE
JODO-SHINSHU HARRY PIEPER

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Brochure n°07 au format PDF (04.2020) 9.2 Mb

3ème degré) L’homme imitant la création : le fondement de ce bas monde tridimensionnel est spirituel, et l’homme peut s’en rendre compte, lors d’un « instant » d’intemporalité, en découvrant la dimension paradoxale de l’icône : une image bidimensionnelle révélatrice de profondeur véritable : unidimensionnelle, surnaturelle - bien que cela puisse s’avérer éclairant, ce n’est pas le lieu ici d’aborder le sujet de l’invocation connexe. À ce retour à l’unité de l’Être, à la réalisation non-duelle du Sur-Être, tend à s’opposer une désorientation spirituelle de l’homme l’incitant à prendre la mesure, à reproduire - et ce, de manière d’autant plus superficielle que les techniques mises en œuvre sont plus sophistiquées : perspective linéaire > photographie > cinéma > internet, tout comme le pire mensonge imite le mieux et le plus durablement la vérité - d’innombrables éléments de nature éphémère, une imitation de la création par l’homme qui n’est autre que l’expression d’un besoin, aussi irrépressible que désespéré et vain, d’accaparement des phénomènes innombrables et indéfiniment fuyants de la nature, un besoin qui à terme se révèle non pas simplement stérile mais mortifère. Toutefois, ce bas monde naturel - interne et externe à la personne - a un caractère foncièrement positif, bénéfique au sens spirituel du terme, qui tient paradoxalement à sa dimension limitée, finie : en effet, l’homme, qu’il le veuille ou non, perçoit la limitation, la finitude, comme foncièrement douloureuse et insatisfaisante, ce qui l’encourage - en temps normal - à s’engager dans une voie de libération spirituelle menant à la réalisation de la vérité absolue, au-delà de la vérité relative, de toutes vérités relatives, au-delà de la naissance et de la mort, donc.

III) Le pire homme, incapable de différencier l’état de veille et l’état de rêve : alors que l’état de veille par excellence n’est autre que la concentration sublime de l’éveil spirituel, le paroxysme du rêve relève de la dissolution/dispersion/volatilité mortifère induite par les technologies numériques et découlant de la quantification généralisée des conceptions. Toutefois, ce parangon d’aliénation qu’est l’homme contemporain, pris « en masse » ou individuellement, est capable, malgré tout, d’orienter son existence dans un sens bénéfique - à cette fin, pour l’exemple, voici deux comportements à éviter : 1) l’ultra-consommateur et néanmoins géniteur, affamé d’être gavé par la publicité, rendu par avance dévoreur-destructeur de toutes choses, jusqu’à la nourriture future de sa progéniture, se montre ainsi plus perfide que l’ogre d’autrefois, lequel dévorait sans scrupule des enfants, certes, mais ceux des autres ; 2) la jeune mère, soldate-collaboratrice malgré elle, qui conduit sa poussette en regardant constamment son téléphone portable sous le glouton regard amoureux de sa progéniture, s’avère une agente singulièrement perfide de la transhumanisation* de la génération future.

Que la société contemporaine mondialisée soit l’aboutissement d’un mouvement progressif multiséculaire de corruption intellectuelle réduisant toutes valeurs à la quantité – « le progrès » : un mouvement de déspiritualisation et de désacralisation systématique des représentations du réel - est d’une évidence telle que désormais chacun peut s’en rendre compte.

Bien que la décadence de la civilisation occidentale, qui depuis sept siècles va en s’accélérant tout en s’élargissant à l’échelle mondiale, soit aisément observable au travers de ses formes les plus extérieures, concrètes, elle est cependant moins aisée à discerner dans ses expressions scientifico-philosophiques. Toutefois, Saint Thomas d’Aquin, qui est paradoxalement le principal initiateur de cette décadence savante, présente dans son opuscule - apocryphe ? - De natura materiae et dimensionibus interminatis, entre autres ouvrages, des conceptions qui nous aident à comprendre lesdites expressions. Voici une esquisse de ses conceptions fondamentales, d’ordre universel, lesquelles sont heureusement plus aisées à comprendre que celles traitant de points plus accessoires : 1) Dieu est acte/puissance pur ; 2) en lui, l’acte précède la puissance ; 3) le pôle essentiel qu’est l’acte est qualitatif ; le pôle substantiel qu’est la puissance est quantitatif ; 4) la qualité en soi comprend toutes les qualités, dont la quantité ; 5) la substance, matière première indifférenciée, est puissance, cause passive, de la quantité dimensionnelle indéterminée, matière seconde, cause d’individuation, dernier degré informé par l’essence de l’acte.

* Il serait assurément plus exact de parler d’infrahumanisation.


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