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CENTRE CULTUREL BOUDDHISTE
JODO-SHINSHU HARRY PIEPER

CENTRE CULTUREL BOUDDHISTE
JODO-SHINSHU HARRY PIEPER


Brochure n°06 au format PDF (09.2014) 169.0 Ko

Dans l’Antiquité, de façon analogue, la société romaine atteignit à un paroxysme de sophistication qui engendra finalement un sentiment de très profonde insatisfaction dans le cœur de l’homme : invariablement, lorsque l’on ne cesse d’exciter en l’homme un désir insatiable afin qu’il soutienne envers et contre tout l’expansion de la société par sa production et sa consommation, il arrive un moment où il se lasse. Vint alors pour Rome le temps d’une vraie réforme spirituelle, une réforme qui ne fut évidemment ni engagée ni soutenue par le pouvoir en place.

Après ces généralités, que pouvez-vous dire au sujet du démantèlement du Centre Culturel Bouddhiste Jôdo-Shinshû Harry Pieper perpétré par l’Etat de Vaud ?

Pour comprendre les enjeux liés à l’établissement du Centre Culturel Bouddhiste Jôdo-Shinshû Harry Pieper sur son territoire, l’Etat de Vaud put obtenir des informations ayant trait à la Véritable Ecole de la Terre Pure auprès d’autorités universitaires du lieu spécialisées dans l’étude des doctrines et des institutions bouddhistes d’Extrême-Orient.

En effet, dans cette affaire, il ne faut pas perdre de vue que le monde politique doit contrôler les populations plus que jamais auparavant pour anticiper leurs réactions – le déferlement des nouveaux médias audiovisuels n’a au fond pas d’autre signification –, à une époque où, derrière une inertie apparente, la société se trouve dans un état de volatilité extrême : alors que la société dominante contemporaine se caractérise par un rejet total de la dimension spirituelle, un rejet qui vide l’existence de tout son sens en ruinant « progressivement » les valeurs, des personnes toujours plus nombreuses éprouvent le besoin vital de remplir de manière vraie et réelle ce vide devenu abyssal, un vide que les innombrables tentations et distractions lénifiantes savamment élaborées et entretenues par ce que l’on a coutume de nommer « la société mercantile » ne peuvent ni véritablement ni indéfiniment combler.

Dans cette ambiance de dissolution, l’implantation d’un mouvement spirituel universel, d’une parfaite orthodoxie, au cœur de ce minuscule Etat de Vaud posant comme modèle au milieu de l’Europe, est un cas de figure susceptible de déclencher une vive réaction de la part d’un Etat qui défend des positions laïques intransigeantes sous des apparences tolérantes. À ce propos, il n’est peut-être pas inutile de rappeler deux choses : 1) la « défense de la laïcité » prônée de nos jours par la sphère politique occidentale n’est que la conséquence de son refus passé de se subordonner à toute autorité spirituelle, un refus calqué sur la posture de Luther, parmi de célèbres contempteurs de papauté* ; 2) en défendant cette posture luthérienne fondatrice, les pasteurs protestants s’assujétirent au pouvoir politique tout en le dirigeant doctrinalement dans son entreprise de désacralisation du monde et de l’homme – l’organisation, le déroulement et surtout les suites de la dispute fondatrice qui eut lieu en 1536 à la Cathédrale de Lausanne sont très éclairants à cet égard.

L’homme doit se nourrir : nourrir son corps, nourrir son mental, se nourrir l’esprit. Alors que son ventre réclame cette nourriture grossière que sont les aliments, et que sa tête recherche cette nourriture subtile que sont les pensées conceptuelles, son cœur aspire à une nourriture transcendante : les influences spirituelles. Or, si toutes sortes de nourritures grossières et subtiles sont à la disposition des hommes dans la société contemporaine, il n’en va pas de même pour les nourritures spirituelles. En effet, au fil du temps, les institutions traditionnelles qui transmettaient légitimement les influences spirituelles et les enseignements doctrinaux ont périclité, minées par la politique laïque des Etats modernes. Malheureusement, aujourd’hui, nous ne pouvons que constater que cette politique de laïcisation - le terme profanation serait assurément plus exact - a conduit à une débâcle des valeurs, une situation qui ne devrait laisser personne indifférent. C’est pourquoi la fondation d’institutions traditionnelles vraiment adaptées à cette période de décadence spirituelle est un enjeu d’importance. Vu sous cet angle, le démantèlement du Centre Culturel Bouddhiste Jôdo-Shinshû Happy Pieper prend évidemment tout son sens.

* En premier lieu, Philippe IV, roi de France. Concernant Luther, le cinq-centième anniversaire de la Réforme approchant, la question de la pertinence de l’initiative d’une personnalité à l’augustinisme si riche en paradoxes se pose de manière récurrente : pourquoi n’embrassa-t-il et ne propagea-t-il pas la foi orthodoxe orientale ?


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