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CENTRE CULTUREL BOUDDHISTE
JODO-SHINSHU HARRY PIEPER

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JODO-SHINSHU HARRY PIEPER


Brochure n°08 au format PDF (12.2020) 1.0 Mb

Telle une gigantesque vague déferlante, le recours systématique aux nouvelles technologies de communication dans un contexte de confinement extravagant, ahurissant, emporta sur son passage les habitudes les mieux établies, le télétravail, avec ses implications très insidieuses, étant à cet égard l’exemple le plus représentatif. Ce recours généralisé aux technologies numériques, projeté de longue date puis organisé et finalement imposé à cette occasion sans coup férir par la classe politique, en renforçant ces deux tendances mortifères pour toute société que sont l’individualisme et l’uniformité, sans doute les pires maladies de civilisation du fait de leur puissance de désagrégation, donne à penser que désormais tout sera mis en œuvre pour hâter la « transhumanisation » du genre humain - concernant ce néologisme, il importe de bien considérer les conséquences du glissement de sens du préfixe trans, à l’aune de termes ayant une signification essentielle au plan culturel en Occident, tels que transsubstantiation, transfiguration, transcendance, des termes dans la composition desquels il entre avec le sens de supra.

La prolétarisation des anciens artisans soumis aux contraintes dégradantes du machinisme pour l’enrichissement exclusif d’une bourgeoisie en passe de s’affranchir de toutes les tutelles traditionnelles, avec les souffrances humaines intolérables qu’elle engendra au cours des trois derniers siècles, fera figure de simple « mise en condition » comparée aux conséquences de l’émergence de ce paradigme qu’est le « technologicocentrisme » - néologisme grotesque, barbare comme l’état psychique dont il rend compte, à ne pas confondre avec le terme technocentrisme, celui-ci renvoyant en fait à la simple technique, qui a naturellement un caractère légitime, celui-là à la technologie, dont la sophistication propage inévitablement une influence délétère -, un nouveau modèle de société qui provoquera rapidement une prolétarisation d’une ampleur inouïe, telle que les professions libérales ne seront plus épargnées par le phénomène.

Pour nous situer dans un cadre familier, quel rôle le gouvernement vaudois joua-t-il au cours des trois dernières décennies dans la propagation et l’acceptation sociale de nouvelles technologies numériques de première importance pour la poursuite du programme « transhumaniste » ? Répondons à cette question par une unique observation, qui ne saurait surprendre tout parent responsable : seuls d’incurables naïfs s’imaginent que la pénétration des ordinateurs dans les classes d’école enfantine put se produire hors du contrôle strict du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture ; et que les pédopsychiatres, sociologues et autres spécialistes en charge de ce dossier n’étaient pas conscients des conséquences majeures pour les enfants qui découleraient inévitablement, à court, moyen et long terme, de ce choix politique funeste (1). Pareille inconséquence politique n’a pas lieu d’être en pays de Vaud, cette petite terre-sainte d’un calvinisme dont la rigoureuse, sinon vigoureuse, théologie sut assujettir même les juristes - souvenons-nous qu’initialement Calvin était juriste -, pour de plus gros bénéfices pour ses Etats.

Bien que le Bouddhisme ne souscrive pas aux thèses apocalypticiennes, la cosmologie bouddhique, avec sa théorie des cycles cosmiques, offre un vaste ensemble de conceptions utile à un bouddhiste s’intéressant aux conceptions apocalypticiennes des trois monothéismes abrahamiques, notamment à l’évolution de celles-ci au cours du temps, et en particulier à leur expression contemporaine. Au regard des conceptions juives, formulées principalement dans le Livre de Daniel, chrétiennes, de l’Apocalypse de Jean, et musulmanes, ayant trait à la prise de Constantinople, il tombe sous le sens qu’il y a un rapport d’analogie entre « la bête de l’apocalypse » et les technologies numériques telles qu’elles furent élaborées et sont mises en œuvre actuellement dans le projet infrahumaniste - car c’est de cela qu’il s’agit ; et sur ce point, une certaine distance culturelle aide sans doute à une bonne mise en perspective -, les conséquences d’un individualisme et d’une uniformisation sociale exacerbés par l’influence délétère des technologies numériques renvoyant au thème des ultimes possibilités d’existence humaine, un thème qui par ailleurs est actuellement à l’honneur dans les discussions des cercles politiques respectivement les moins attachés à la préservation de l’esprit des textes saints de ces monothéismes. Certains trouveront dérisoire que l’on puisse s’intéresser à transmettre de telles notions à des gens qui ne désirent rien moins qu’être désécurisés, et qui sont donc prêts à tous les compromis pour être rassurés, au point d’en arriver à tendre au pire des hommes l’arme qu’il recherche, ce dernier souhaitant que l’humanité possède une seule tête et qu’il tienne en main le sabre pour la lui trancher. Cependant, trouver dérisoire une telle initiative ne tend qu’à faire passer pour quantité négligeable les personnes, rares, peut-être, mais d’autant plus précieuses, qui discernent les véritables enjeux culturels actuels et éprouvent le désir de s’engager pour leur défense, des personnes capables de s’inscrire de façon effective dans une démarche d’une importance fondamentale : la respiritualisation des représentations que les hommes contemporains se font de l’univers.


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